jeudi 13 mars 2014

L'Ombre des Hommes #01


Bon, alors, j'ai temporairement suspendu mon challenge (Hansept et Gretchen) pour reprendre la correction de l'Ombre des Hommes. 
Et pour me donner du coeur à l'ouvrage, et comme ça fait un bail que je n'ai rien écrit sur mon blog, j'ai décidé que je mettrais un extrait par jour du chapitre corrigé.

Aujourd'hui donc, vous avez le droit à la préface et à un bout du premier chapitre. Haut les coeurs!! (et n'hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, que vous aimiez ou non :) )


Prologue :

L’Omsage regardait son auditoire d’un œil confiant. Le temps était venu pour lui de conter l’Histoire de sa tribu. Le temps de se décharger de ce terrible héritage.
Les enfants étaient encore jeunes pour certains, mais le Sage n’avait aucun doute qu’ils comprendraient. Le plus important étant que cette génération se souvînt des épreuves endurées par leurs pères. Ils étaient la descendance de héros, de fiers chasseurs, de femmes exceptionnelles, mais aussi de traîtres et de manipulatrices.
Ces enfants devaient accepter et en tirer les leçons adéquates.
Le conteur se racla la gorge avant d’écarter ses bras desséchés par les années passées. Les petites têtes de tournèrent vers lui, les yeux brillant d’envi, de curiosité et de respect. Pour eux le vieil homme représentait une attraction joyeuse, celui qui connaissait les histoires les plus ensorcelantes et les plus amusantes. Aujourd’hui pourtant, aucun d’entre eux n’allait rire. Leur passé était empli de larmes et de cris. De peur et de désespoir. Mais c’était cela qui avait rendu la tribu plus forte, plus soudée.
L’Omsage plongea son regard dans le feu crépitant, perdu dans ses souvenirs. Une petite main sur son bras le ramena au présent. Cheveux-au-vent le fixait d’un air inquiet. Le Sage le réconforta d’un pâle sourire et d’un tapotement sur les doigts. Il était temps !
« Alors que le monde était différent que celui que vos pieds foulent. Alors que les hommes pensaient d’une tout autre manière qu’aujourd’hui. Alors que tout ce que vous connaissez n’existait pas encore, vivait un clan que l’on nommait « Les Marcheurs ». Il vivait en paix, loin des autres tribus, rythmant leur quotidien à celui des saisons.
« Ces Marcheurs ne connaissaient ni la haine, ni la colère. En contre partie, l’amour aussi leur était refusé. Ils ne vivaient que pour survivre. Leurs traditions étaient archaïques mais efficaces. Jamais tribu n’était plus fertile. Les enfants couraient autour des adultes s’en se douter de la menace qui pesait sur eux….



Partie I : L’Ignorance
Chapitre 1 : Les Marcheurs


Ovi s’en alla vers l’eau qui hurle afin de nettoyer la souillure qui poissait sur sa peau. Le liquide rouge qu’elle perdait réchauffait son entre-jambe. Un large sourire éclaira son visage lorsqu’elle croisa les autres femmes de son clan, occupée à ramasser des baies sur les buissons qui longeaient la berge. Ces dernières froncèrent leurs sourcils broussailleux à son approche. En remarquant le filet écarlate qui glissait jusqu’aux pieds de la jeune fille, l’Ancienne leva les bras au ciel et poussa le cri des femmes.
Ovi avança sous cette avalanche de joie : enfin l’âge de l’enfance s’achevait. Plus tard elle ne se souviendrait pas du Brûlant qui se miroitait sur la surface de la Hurlante. Elle oublierait le parfum des fleurs qui embaumaient l’air, même le chant des oiseaux s’effacerait de sa mémoire, tous ces détails incongrus alors que les jours froids ne devaient plus tarder. Tout ça n’était rien face aux voix de ses sœurs qui la portèrent avec allégresse jusqu’aux remous salvateurs. Elle n'hésita pas devant l’eau glacée. Un frisson d’excitation remonta le long de l'échine quand, d'un pas décidé elle pénétra dans la surface sombre. Denta, l’Ancienne, l’accompagna dans sa baignade tout en reprenant les mots de la renaissance :
« Illuminée par le Brûlant,
Bercée par la Blanche,
Cette enfant aujourd’hui
Ne l’est plus.
La Terre l’a vu jouer et grandir,
Désormais elle l’accompagnera
Dans sa quête de la chair.»
Denta immergea la tête d’Ovi jusqu’aux épaules. Elle maintint sa prise jusqu’à ce que la jeune fille ne puisse plus contenir son souffle. Ses poumons la brûlaient tant ils réclamaient de l’air. La mâchoire serrée, Ovi luttait contre l’envi d’ouvrir la bouche. La tête lui tourna et des points lumineux vinrent s’ajouter aux miroitements de l’eau. Au-dessus d’elle, elle distinguait à peine la silhouette de la vieille. Quand la douleur devint insoutenable, elle relâcha l’air de sa poitrine. Des bulles d’air éclatèrent à la surface que ses fines mains battaient frénétiquement. Elle ne pouvait plus tenir, et renonça à se battre. Seulement alors l’Ancienne la libéra. En se relevant précipitamment, la jeune fille toussa, cracha et dans une grande inspiration entendit la clameur de ses sœurs :
« Et c’est dans la douleur
Que l’Enfant devient Femme
Et que la Femme devient Mère »

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La chambre