dimanche 16 mars 2014

l'Ombre des Hommes #03

Non mais Oh, j'allais me coucher en oubliant de vous embêter!!!!!!!!!
Voici donc l'extrait du chapitre 3 :P :

Le Brûlant était au plus haut que les chasseurs n’avaient toujours pas surpris leur proie. Loussa traquait une famille de géants laineux depuis trois jours. Il était revenu au camp simplement pour mener la tribu à eux. Malheureusement, le groupe de pachyderme avait pris une avance considérable, et malgré le savoir du pisteur, la troupe tardait à rejoindre leurs proies.
Ravi en profita pour admirait la prairie alentour. Il était rare de partir chasser aussi loin dans les plaines. Les hommes se contentaient des criques abritées par les grandes roches. Le gibier y était moins gros, mais les mordeurs ne s’y aventuraient pas. Ici les grandes espaces herbeux effleuraient de grands arbres au feuillage ocre. Aucun Marcheur ne se risquait à pénétrer sous le couvert de ces éminences. Trop de dangers s’y cachaient. Malgré les risques, leurs hauteurs attiraient le jeune chasseur qui avait toujours regardé les êtres du ciel avec envie et admiration. Il lui semblait qu’en haut des cimes il pourrait s’approcher des êtres ailés. Pour l’instant, le Brûlant poursuivait sa course en solitaire. Le froid venant des lointaines contrées gelées avait chassé le plus résistant des oiseaux. Et les Marcheurs ne tarderaient pas à les suivre.
Loussa leva une main, intimant le silence aux chasseurs. L’homme fixait le sol comme si la Terre lui racontait une histoire. Quelques battements d’ailes plus tard, le pisteur se redressa et glissa un mot à l’oreille du Porteur en pointa une direction du doigt. Sans un mot il commanda aux hommes de le suivre. Ravi jeta un regard au-dessus de son épaule et aperçu Ovi qui, tête baissée, suivait le mouvement sans sourciller. Sa gorge se noua devant le spectacle qu’elle offrait. Ses cheveux voletaient autour d’elle, et sa peau moirée s’harmonisait avec grâce à la pelisse tigrée négligemment jeté sur ses épaules. Lui-même s’était recouvert d’une peau supplémentaire pour se protéger du vent qui les fouettait en plein visage, mais il doutait d’avoir autant d’allure qu’elle.
Ils continuèrent d’avancer durant un bon moment avant de s’arrêter de nouveau. Un murmure d’approbation parcourut le groupe : au loin, quatre géants laineux erraient de leur démarche lourde. Deux adultes et deux petits, une famille. Tous savaient ce qu’ils devaient faire, séparer les parents des enfants. Un seul suffira à nourrir le clan pendant la Grande Marche.
Le groupe d’homme se scinda en deux. Le premier, mené par Cortig se mirent à courir pour contourner les géants et les prendre à revers. Les chasseurs restés avec Ravi se munirent de torches. En temps normal, l’Omsage se chargeait du feu, mais Dodroi restait introuvable, aussi Ourca prit l’initiative de l’allumer
Caché derrière les fourrés, Ravi attendait le signal du Porteur. L’appréhension lui serrait la gorge, son cœur frappait sa poitrine, ses doigts moites serrés son propulseur chargé de sa lance. Autour de lui, la tension était palpable. Chaque homme se concentrait sur la famille de laineux. Les géants étaient des animaux assez lents, mais leur force valait plus de dix hommes. Tous ne s’en sortiraient pas indemne. C’était une évidence, mais un sacrifice utile pour la survie de la tribu.
Les visages d’Ovi et de Fleur s’imposèrent à Ravi. Ces deux femmes valaient bien la peine qu’il prenne le risque de s’endormir à jamais. Elles constituaient son seul univers, il ne respirait que pour les voir sourire. Il ne pouvait en être autrement : sa vie contre la leur. Ça lui semblait parfaitement équitable.
Fort de cette idée, Ravi n’hésita pas une seconde lorsque le long sifflement lui vrilla les oreilles. Un courage nouveau souleva sa poitrine, il se sentait invincible, il était grand, il était fort, les géants n’avaient aucune chance face à lui. Il sortirait vainqueur, ramènerait de la viande au camp, pourvoirait au bien-être de sa sœur et de… sa compagne !
Ravi sortit de son bosquet, hurla sa détermination et son courage. Les pachydermes adultes se cabraient, les petits barrirent de terreur. Le sol trembla quand les bêtes se laissèrent retomber lourdement. Ravi manqua de chuter, la honte de sa faiblesse ne fit qu’accroître sa rage de vaincre.
Autour de lui, des hommes balayaient l’air de leurs torches. Les flammes crépitaient. Les chasseurs hurlaient. Les découpeuses tapaient des pierres les unes contre les autres. Faire du bruit. Faire le plus de bruit possible pour acculer les géants dans le piège qui se refermait peu à peu autour d’eux. Ravi riait. Pour la première fois, il vibrait à l’unisson avec son clan. Hommes, femmes, tous unis dans un seul but : survivre.
À présent, ils couraient. La sueur lui piquait les yeux, sa gorge s’asséchait de plus en plus, mais il soutint le rythme. Guidé par Ourca, la troupe convergea sur la gauche, vers un petit un peu en retrait de sa famille. Malgré sa peur, Ravi s’interposa entre la femelle et sa progéniture. Les torches le suivirent, lui tournant le dos, elles firent reculer la mère paniquée. Le chasseur choisit ce moment pour actionner son propulseur. Sa lance fila droit dans l’œil du jeune laineux qui émit un long barrissement plaintif. Le cœur de Ravi se gonfla de fierté ; nul doute que ce soir, ses frères l’acclameraient !
Par malheur, la mère n’avait pas encore abandonné. Le cri de son enfant la rendit hystérique. Elle se rua sur les chasseurs, renversa les torches, un homme fut projeté contre un rocher. Tous s’écartèrent. Ravi, désarmé, s’éloigna le plus possible. La peur avait remplacé la joie. Ses jambes tremblèrent, son estomac se contracta, sa tête bourdonna d’une seule idée : fuir.
La femelle brandit ses défenses dans sa direction, elle le voulait ! Il avait blessé son petit, il allait en subir les conséquences. Le ventre noué, Ravi se mit à courir loin de la bête en colère. Dans sa précipitation, il ne vit pas la roche à moitié ensevelie, il butta dessus et s’effondra de tout son long. Le nez dans la terre, il se morigéna de sa maladresse. Lui qui était chasseur quelques battements plutôt, le voilà devenu proie. Il se retourna sur le dos pour voir sa fin arriver. Pas question de passer ses derniers battements à s’apitoyer sur son sort. Il était un chasseur, il ne baisserait pas les yeux devant son ennemi ! Elle était là, immense, une patte prête à l’écraser, en suspend au-dessus de sa tête. Ravi déglutit, une larme coula le long de sa joue. Il ne voulait pas ! L’étau dans sa gorge se relâcha. Ses tripes se liquéfièrent. Il hurla sa peur, son désespoir. Son courage envolé, il ferma les yeux dans l’attente du coup fatal

2 commentaires:

  1. "Son courage envolé, il ferma les yeux dans l’attente du coup fatal »

    :( Tout l’extrait est magnifique, bravo !

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La chambre