La boîte de Pandore
J-3
« Tu es sûre que ça va aller ?
—Oui maman, ne t’inquiète pas ! »
Carole tendit sa joue à sa mère qui lui donna une bise
sonore. Elle n’était pas rassurée de laisser sa fille partir seule avec trois
autres ados débraillés pour une semaine de camping. Carole eut beau lui assurer
qu’ils ne sortiraient pas des sentiers battus, qu’ils resteraient dans aux
abords de la civilisation, rien n’y faisait. Seul son père l’avait convaincu
d’accepter, lui rappelant que leur fille n’était plus une enfant et qu’elle
devait apprendre à se débrouiller toute seule.
« N’oublie pas, au moindre soucis…
—Je t’appelle, toi ou les pompiers, la coupa Carole.
Je sais tout ça !
—Et si vous vous perdiez ?
—MAMAN !!
—Quoi ? Ça peut arriver !
—Je te l’ai déjà dit, Sèb connaît bien le coin. Il y
va tous les ans, il n’y a rien à craindre.
—Mais… »
Un coup de klaxonne retentit. Carole leva les yeux au
ciel et remercia la providence. Elle attrapa son sac-à-dos, glissa une lanière
sur son épaule et après une dernière étreinte à sa mère se sauva avant que
celle-ci ne change d’avis.
« Je t’appelle quand on est arrivé, lui
lança-t-elle avant de disparaître derrière la porte d’entrée.
—Tu m’appelles tous les jours ! cria sa mère à
travers le bois.
—Promis. »
Carole courut jusqu’à la vieille Renault 19 de son
ami. Dedans elle retrouva Sèb au volant, Romain à la place du mort et Alyson
qui ressemblait à une puce tellement elle sautait sur la banquette arrière
faisant bondir ses boucles blondes dans tous les sens.
« Tu en as mis du temps, lui reprocha Sèb avec un
sourire au coin.
—Tu connais ma mère, non ? répondit-elle sur un
ton lasse. »
Sèb éclata d’un rire sonore. La première fois que
Carole avait présenté le jeune homme à ses parents, il avait eu le droit à un
interrogatoire complet. Le pire fut le soir où il a voulu l’emmener en soirée,
non seulement il avait dû montrer son permis de conduire, mais en plus ils le
firent souffler dans un éthylotest. Carole s’était senti se liquéfier, persuadé
que Sèb ne voudrait plus jamais la revoir. Heureusement il tenait assez à elle
pour comprendre la réticence des parents à confier leur bébé à un étranger.
Carole ne l’en aimait que plus.
« Alors c’est bon ? On y va ? »
Carole dévisagea Alyson. Son amie était plutôt du
genre discrète en tant ordinaire. Alors quand elle s’est mise à fréquenter
Romain, un grand gaillard flanqué d’une crête verte pomme, ça en avait surpris
plus d’un, Carole la première. Mais depuis qu’elle avait reçut ses notes de
bac, son amie était devenue carrément incontrôlable. Reçue avec les
félicitations du jury, Alyson avait décidé que cet été serait le plus beau de
sa vie. Elle avait l’intention de faire tout ce qu’elle s’était interdit depuis
longtemps, au grand bonheur de Romain…
« On the road again ! lança Sèb en tournant
la clé de contacte. Laissons-nous porter par le souffle du vent ! »
*
« Tu vas arrêter de gigoter comme ça, se plaignit
Carole quand Alyson bondit parce qu’elle avait aperçut un lapin, renversant un
paquet de chips. Tu es pire qu’une gamine. Ma cousine de 5ans se tient mieux
que toi !
—Rhôô, que tu es ronchon ! se plaignit la puce
blonde.
—Ne cherche pas, Caro supporte mal les voyages en
voiture, expliqua Sèb.
—Ça et les miettes, grommela l’intéressée. Et la
chaleur… »
Sur ce, elle tourna la molette de la vitre pour
l’abaisser au maximum, c’est-à-dire à la moitié, sécurité enfant oblige. Carole
glissa son nez dehors mais n’y trouva qu’un air brûlant, c’était à peine si le
vent réussissait à lui faire du bien.
« Un empire contre un peu de fraîcheur,
supplia-t-elle.
—Attends, j’ai ce qu’il te faut. »
Tout en parlant, Romain fouilla dans son sac et lui
tendit une canette de bière.
« Comment tu fais pour qu’elle reste
fraîche ? s’étonna la jeune femme.
—C’est un sac magique !
—Comment ça ?
—C’est le tout dernier model de Quequa, il est
isotherme. Fini les bières chaudes ! Merci papa.
—C’est ton père qui te l’a offert ?
—Oui, pour ses 18ans, répondit Alyson, mais à mon avis
il pensait à des bouteilles d’eau, pas de bière.
—Tu ne connais pas encore bien mon père Lylou, il
n’est pas stupide. Il sait très bien que je ne bois pas que des sodas. »
Carole se retourna vers Alyson, réprimant un fou rire.
« Lylou ? s’étrangla-t-elle.
—Oui, monsieur trouve amusant de se trouver des
surnoms. »
La mine renfrognée de son amie montrait bien
qu’elle-même n’était pas pour ce genre de démonstrations amoureuses.
« C’est une bonne idée ça, que penses-tu de
rondoudou ? la charia Sèb.
—Il n’en est absolument pas question, surtout si tu as
l’intention de vivre ces dix prochaines années. »
Pour toute réponse, il lui envoya un baiser via le
rétroviseur. Carole le lui rendit et entreprit de lui masser les épaules. Le
jeune homme lui attrapa une main et, tout en conduisant, entreprit de lui
bécotait les doigts. Carole se sentit frissonner malgré la chaleur. Elle le
trouvait tellement beau qui lui arrivait encore de se demander ce qu’il avait
bien put lui trouver. Grand, athlétique, elle fut tout de suite attiré par son
regard bleu glacé. Ce jour-là, il avait relevé ses dreadlocks à l’aide d’un
chouchou détendu. Il avait du mal à supporter ses cheveux blonds cendrés quand
la température dépassait les vingt-cinq degrés. Ils agissaient comme un casque,
pourtant Sèb se refusait de les couper. Il avait attendu trop longtemps pour ce
résultat et ce n’était pas trois mois par ans qui allaient le lui faire
renoncer. En plus, il avait découvert que Carole avait un faible pour les
cheveux longs.
« Hé, s’indigna Romain, il est interdit de
distraire le conducteur mademoiselle !
—Jaloux, répondit la dite demoiselle.
—On arrive bientôt ? se plaignit Alyson.
—Quand je te disais que tu étais pire qu’une gamine de
5ans Lylou ! »
Boudeuse, Alyson se retourna vers sa fenêtre et Carole
ne réussit à la dérider qu’à grands renforts de chatouilles.
*
« On est arrivé !
—Mais c’est un parking ! s’exclama Romain devant
le terrain poussiéreux où s’était arrêté la voiture. On ne va pas camper
ici ?
— Tu ne pensais tout de même pas qu’on allait faire
une randonnée sans marcher ? le nargua Sèb.
—Mmm, j’avais espéré. »
Tous se moquèrent du coq vert qui se vengea en vidant
une bouteille d’eau sur eux. Sèb, qui sentit la bataille générale arriver,
étouffa le poussin dans l’œuf.
« Suffi les gamineries, on a de la route à faire
et on doit partir tout de suite si on veut arriver à notre camp avant la nuit.
—Ho non, me dit pas que c’est loin !
—Mademoiselle Lylou serait-elle un peu
fainéante ?
—Carole ! Arrête de m’appeler comme
ça ! »
*
Ils marchèrent longtemps. Le chemin à travers les bois
était escarpé et semé d’embûches. Pourtant, bien que leurs jambes hurlaient de
douleur et que leurs dos souffraient sous le poids de leurs sacs, ils
trouvèrent l’escapade plaisante. Le soleil brûlait moins au couvert des feuillages touffus, et la mousse faisait un tapis agréable à fouler. Carole nota trois
espèces d’oiseaux qu’elle ne connaissait pas et Alyson s’extasiait devant des
buissons remplis de mûres. Les garçons avançaient en avant, s’accrochant aux
branches basses et marchant en équilibre sur les troncs tombés.
« On y est » s’exclama Sèb au détour d’un
bosquet de fougères.
Épuisés, essoufflés, tous s’attroupèrent autour de
lui. Carole fut stupéfaite. Partout où ses yeux se posèrent, elle découvrait
une merveille. Une clairière étalait fièrement son pelage émeraude parsemé de
pâquerettes et de violettes. Mais ce qui captait le plus l’attention était un
énorme rocher blanc, planté en plein milieu. Dessus, un arbre se dressait, ses
racines cascadaient la pierre d’albâtre pour s’enfoncer dans la terre. Son
tronc noueux se tordait vers le ciel, tendant ses maigres branches couvertes de
petites feuilles claires.
« Incroyable » fut le seul mot qui vint à
Carole.
« C’est splendide, murmura Romain. On vient de
frapper aux portes du paradis.
—Je n’aurai pas pu dire mieux » ajouta Alyson.
Sèb se rapprocha de Carole, enserra sa taille et lui
souffla dans l’oreille.
« J’ai pensé à toi lorsque je suis tombé dessus
par hasard. Ça va faire une éternité que je rêve de te le montrer. »
Une nuée de papillons s’envola des reins de la jeune
femme. Elle se retourna au quart et tendit ses lèvres que Sèb s’empressa de
cueillir, tel un bonbon sucré. Les papillons se transformèrent en un brasier
violent que les baisers du jeune homme attisaient sans vergogne.
« Ça me fait presque de la peine de devoir
planter nos horribles tentes dans un tel endroit ! »
La remarque d’Alyson tira Carole de son désir. Elle se
souvint d’un coup qu’ils n’étaient pas seuls… au moins jusqu’au couché.
Le camp monté, le feu allumé, Romain entreprit de
saouler ses amis. Bières, vodka, gin… tous trouvèrent leur alcool favori.
« Ce sac, gloussa Carole, il est vraiment
magique !
—Je l’ai piqué à Mary Poppins.
—T’es trop toi »
Alyson regardait le coq vert avec des yeux en
guimauve. Tout son corps se tendait vers lui, ne cachant rien de ses envies
quant au reste de la nuit.
« Bien, dit Romain en se levant, monsieur,
mademoiselle, il est temps pour nous de vous laisser.
—Vraiment ? demanda Alyson en une moue
suspicieuse.
—Vraiment !
—N’allez pas imaginer, monsieur que mon état d’ébriété
avancé annonce quoi que ce soit. Je ne suis pas une dépravée, moi !
—Je n’en doute pas très chère. Mais votre état
d’ébriété, comme vous dites est tellement avancé qu’une bonne nuit de sommeil
vous fera le plus grand bien. Pour le reste, nous verrons bien demain matin.
—Non mais… à quoi t’attends-tu exac… »
Romain coupa court à la chamaillerie en clouant les
lèvres de sa belle d’un long baiser savoureux.
« Demain matin sera peut-être un peu trop loin
finalement, souffla Alyson libérée de l’étreinte, les joues plus rouges que son
haut cerise.
—Bonne nuit les amoureux » conclut Sèb.
Seul, les deux jeunes gens n’osaient pas se regarder.
Ils n’avaient jamais dépassé le stade des caresses appuyées. Tous deux savaient
que cette nuit serait particulière.
« Nous ferions mieux d’aller nous coucher aussi,
suggéra Carole.
—Oui, vas te changer. J’arrive. »
C’était au tour de Carole de rougir. Touché par la
délicate attention de Sèb.
Cette nuit-là, Carole ne se souvint pas de ses gestes,
ni l’ordre exacte des évnements. Elle se rappelait seulement de l’odeur, du
goût, de la douceur de la peau de Sèb. Cette nuit-là, Carole n’était plus
elle-même. Elle n’était plus une femme. Elle faisait parti de son amant, ils
fusionnèrent dans un ballet de caresses et de baisers. Tous deux amateurs, ils
ne retiendraient que la tendresse de leur étreinte et la force de leurs
sentiments. Ils auraient tout le temps plus tard pour le plaisir de la chair.
*
J-2
Les quatre jeunes gens se levèrent tard. Le soleil
était déjà haut quand les premières têtes ébouriffées sortirent de dessous les
tentes. Le feu était froid et Alyson entreprit de le ranimer pour faire du
café. Elle avait déniché une cafetière italienne dans un bric-à-brac et l’aait
trouvé parfaite pour leur petite escapade.
« Je ne peux pas commencer une journée sans café,
expliqua-t-elle à son amie. Un réveil sans café est une journée qui commence
mal.
—Et j’ai apporté le calva, annonça joyeusement Romain
en se jetant au coup de sa Lylou.
—Irrécupérable, marmonna Carole. Où est Sèb, ajouta-t-elle
plus fort.
—Parti chercher de l’eau. »
Alors que Romain s’empressait de finir sa bouteille de
vodka, les autres commencèrent à découvrir les alentours. Si Sèb savait comment
trouver la clairière, il n’y était jamais resté plus d’une heure et ne connaissait
pas les merveilles qu’on pouvait y trouver. Aussi fut-il surpris de quand il
tomba sur un immense bosquet de baie, pour la plus grande joie d’Alyson. Ils
remplissaient un panier quand ils entendirent un cri. Ils coururent au
campement où ils avaient laissé Romain décuvé.
Ils ne le virent nulle part. Personne autour du feu. Sa
bouteille traînait par terre, vide.
« Hého ! quelqu’un pour venir
m’aider ? »
Alyson et Carole se regardèrent en chien de faïence.
La voix qui leur parvenait semblait venir d’un endroit fermé avec de l’écho.
Sèb fit le tour du rocher blanc et les appela.
« Je l’ai trouvé, cria-t-il. Je ne sais pas
comment il a fait mais il est tombé dans un trou. »
En effet, sous une racine, à la base du rocher, une
cavité absorbé la lumière. Au fond, une tâche verte bougeait.
« Comment tu fais pour toujours te mettre dans
des situations impossibles ? hurla Alyson à la fois en colère, amusée et
inquiète. Tu vas bien ?
—Rien de cassé apparemment. Seulement une grosse bosse
sur la tête. Venez me rejoindre. C’est incroyable ici. »
Les trois autres restèrent bouche bée, mais ne
tardèrent pas à s’activer. Ils trouvèrent des cordes et descendirent à leur
tour.
Ils retrouvèrent Romain dans une salle humide qu’ils
balayèrent à l’aide de lampes torche. le plafond était percé par les racines de
l’arbre alors que les parois étaient lisses et peintes de fresques qui
ressemblaient aux mosaïques qu’on trouvait sur les jarres antiques.
« Mais qu’est-ce que c’est que ça ?
s’extasia Carole.
—Aucune idée, ça à l’air ancien, répondit Romain dont
la chute avait dessoûlé.
—Et ça c’est quoi ? » demanda Alyson en
pointant le faisceau lumineux vers une étrange statue.
Carole plissa les yeux pour pouvoir en distinguer les
formes. Tous s’approchèrent dans un silence religieux. Il s’agissait d’une
sculpture qui représentait un homme drapé d’une toge. Au creux de ses bras, la
statue tenait un coffret qu’elle semblait protéger.
« Alors ça c’est génial ! s’exclama Romain.
Vous vous rendez compte ! Si ça se trouve on a trouvé un trésor ! On
va être riche !
—T’emballe pas Indiana Jones, le calma Sèb. Ce n’est
peut-être qu’une vieille relique sans valeur. Le coin n’est pas très connu mais
on ne doit pas être les premiers à venir camper ici.
—Tu parles, tu as vu des cadavres de feu dans le
coin ? Une route ? Celui qu’on a prit est une vieille piste à gibier,
rien à voir avec une piste balisé. Non on doit appeler les flics, non un
avocat, le musée… On est riche je te dis !
—Appeler ? paniqua Carole. Merde ! J’ai
oublié de téléphoné à ma mère, elle va me tuer !
—Ne t’inquiète pas, la rassura son dreadeux de copain.
Elle sait que tu es avec moi et donc que tu ne crains rien.
—Non, la seule chose qu’elle saura c’est que sa
fifille a oublié de lui passer un coup de file, qu’elle doit paniqué et qu’en
punition elle m’interdira de sortir de tout l’été. »
L’argument convainquit Sèb qui se dépêcha de l’aider à
remonter. Ils ne se préoccupèrent pas de Romain et Alyson qui étaient toujours
penché sur la statue et son coffret. Ils coururent jusqu’à leur tente et
trouvèrent un téléphone.
« Et merde ! s’énerva Carole. Il n’y a pas
de réseau.
—Il fallait s’en doutait ! On est au milieu de la
forêt.
—Elle va me tuer !
—Je serais là pour te protéger ! Mon deuxième
prénom est Hurricane.
—Hurricane ?
—Hurricane Carter ! Tu connais pas ? Halala,
il faut tout t’apprendre à toi !
—Tu peux commencer à m’apprendre des trucs un peu
moins violents, un peu plus câlins… »
Carole battit des cils dans une tentative de séduction
qui, à son grand étonnement, fonctionna parfaitement. L’intéressé l’attrapa la
jeune femme, la souleva et l’étendit doucement près du feu.
« Lay, Lady, Lay across
my big brass bed » chantonna-t-il à son oreille.
Carole se laissa aller contre le torse de son amant,
parcourant son cou de petits baisers timides. Lui, lui mordillait l’oreille
tout en continuant de fredonnait la mélodie. Il allait la rendre folle. Non
seulement il était beau comme un dieu, mais en plus il chantait divinement.
« Hé les amoureux ! C’est comme ça que
vous téléphonez à vos mamans ? »
Carole ravala une réplique bien sentit. Pourquoi
fallait-il que ce mec arrive toujours au mauvais moment ? Ça devenait
franchement énervant.
« Il n’y a pas de réseau, grogna Sèb en se
relevant.
—Par contre le courant passe bien entre vous
deux. »
C’était décidé, elle ne supportait plus ce type. Mais
que pouvait bien trouver Alyson à cet empoté ?
« Et il n’y a pas de trésor, leur apprit le coq
vert.
—Comment ça ? demanda Carole dont la curiosité
avait pris le dessus sur sa frustration.
—Il n’y avait rien dans la boîte de la statue.
—Tu l’as ouverte ?
—Ba ouai, fallait bien que je sache si j’allais
pouvoir m’offrir une voiture ou un yacht.
—Conclusion ?
—Si on gagne de quoi se payer un vélo, faudra
s’estimer heureux.
—Et bien voilà, l’affaire est réglée. Et si on
s’occupait de faire à manger maintenant ? »
*
« Au fait Romain, lança Sèb à la lueur du feu. Tu
ne nous a pas dit. Comment t’as fait ton compte pour tomber dans le trou ?
—Pas intéressant, grogna le coq vert.
—Ba quoi ? On voudrait bien savoir, renchérit
Carole. Allez te fait pas prier, raconte.
—J’ai perdu l’équilibre et je suis tombée.
—Quoi ? C’est tout ?
—Ouai, c’est tout ce qu’il y a à savoir.
—Arrête de faire ta mauvaise tête Doudou.
Dis-nous. »
Carole plissa
le nez, voilà qu’Alyson lui avait trouvé un surnom elle aussi.
« Oui dis-nous Doudou, se moqua Sèb en retenant
tant bien que mal un fou rire.
—J’étais entrain de chier et j’ai perdu l’équilibre,
voilà vous êtes contents ?
—Tu chiais si prêt de notre campement ? T’es
grave toi !
—C’est tombé dans le trou avec moi, alors y a pas de
quoi en faire toute une histoire ! Et puis vous me faites…Raaa… Je vais me
coucher. »
Et il se leva pour se diriger vers sa tente.
« Qu’est-ce qui lui prend ? s’étonna Sèb. Il
n’est jamais aussi grognon d’habitude.
—Je crois qu’il est malade, expliqua Alyson. Il a
beaucoup toussé aujourd’hui et je l’ai même surpris entrain de vomir.
—Boire autant par cette chaleur ne fait pas du bien.
—Non Caro, répondit son amie. Je l’ai vu picoler
jusqu’à perdre connaissance par tous les temps possibles. Jamais je ne l’ai vu
aussi mal. »
Devant l’inquiétude d’Alyson, Carole n’eut pas le
courage de lancer une nouvelle pique. Au contraire, elle tenta de la calmer.
« Ne t’inquiète pas, il est fort. Ce n’est pas
une petite grippe qui va le clouer au lit. Mais si tu préfères on rentre
demain.
—Ça ne vous dérange pas ?
—Non, intervint Sèb. Moi non plus je me sens patraque.
En plus Caro a une maman à rassurer. »
J-1
Le lendemain, aucun d’eux ne se leva. Caro tenta de
s’extraire de la tente mais ne réussit qu’à se traîner à moitié de sous la
toile.
Elle avait essayé de réveiller Sèb, sans résultat. Il
reposait inerte dans son sac de couchage.
Elle était brûlante. Sa gorge n’était plus qu’un
gargouillis de glaire qu’elle n’arrivait pas à cracher. Une tenaille lui
compressait les tempes et son estomac se soulevait toutes les deux minutes sans
qu’il n’ait plus rien à régurgiter. Le pire fut sa peau. Ça la démangeait. Ses
bras étaient recouverts de plaques rouges avec des pointes blanches, comme si
elle s’était roulé dans les orties.
Haletante elle se coucha sur le dos, cherchant un
souffle d’air qui ne parvenait pas jusqu’à ses poumons. Elle sombra dans
l’inconscience.
*
Il faisait nuit quand elle rouvrit les yeux. Enfin
elle le crut car tout autour d’elle était sombre, pourtant elle pouvait encore
sentir le soleil sur son visage. Ses mains et ses jambes ne lui répondaient
plus. Elle était terrorisée. Était-elle entrain de mourir ? Elle ne le
voulait pas. Il y avait tant de chose qu’elle devait découvrir avec Sèb. Elle
n’avait même pas put dire au revoir correctement à sa mère, ni à son père. Sa
gorge se serra, lui arrachant un râle de douleur. Des larmes se mirent à couler
le long de ses joues, la rafraichissant un minimum. Quand une lumière se
découpa dans le noir. Le tunnel ? Non des bruits de moteurs… Un
hélicoptère… Sa mère avait dû prévenir les secours en ne recevant pas son coup
de fil.
« À l’aide !! »
Mais son cri n’était qu’un murmure enroué. Pourtant la
lumière se rapprocha. Carole se sentit soulever. Sûrement le soulagement d’être
sauvé. Il fallait qu’elle leur parle de Sèb, leur dire qu’il était dans la
tente, qu’elle n’arrivait pas à le réveiller. Mais elle s’évanouit de nouveau.
Jour J
Elle flottait. Littéralement. Elle n’allait pas mieux,
son corps était une vraie torture. Sa peau, sa gorge, il lui semblait qu’elle
pleurait des larmes de feu… La douleur, il n’y avait plus que ça de vrai, la
douleur.
Des voix, métalliques. Un accent étrange, jamais
entendu.
« La pandoria a été déterrée.
—On a échoué?
—Leur espèce est défaillante, la pandoria s’est
dévoilée à l’un d’entre eux. Ce n’est pas notre faute.
—L’inondation est donc programmée.
—Ça a commencé. L’immersion totale est prévue dans un
peu plus d’un cycle de leur lune.
—Sait-on le défaut de l’espèce ?
—Non, nous gardons ces spécimens pour
comprendre.
—Quel dommage, ils nous ressemblaient
tellement. »
Elle ouvrit les yeux. Pas des humains. Des êtres
filiformes, bruns comme l’écorce d’un chêne. Deux yeux orange, grands sans
pupille. Non rien d’humain. Elle comprit. Pas des humains, pas de la Terre. Ce
n’était pas un hélicoptère. Le coffret, pandoria, la boîte de pandore. La
clairière était un piège. Sèb.
Une peur panique, l’horreur, la souffrance. Envi de
hurler, de fuir. Mais rien. Ses lèvres étaient résolument clauses. Un des être
se pencha sur elle. Il lui parlait. Non il n’a pas de bouche. La voix
métallique résonne dans sa tête.
« Calmez-vous. On est là pour vous aidez. »
Menteur. La clairière, un piège.
« Non pas un piège, la pandoria est une sorte de
soupape de sécurité. Quand une espèce qu’on a créée devient incontrôlable, elle
se déclenche pour nettoyer la planète. »
Nettoyer ? Tuer ? Assassins ! Sa mère.
Sèb. Sa famille.
« Je suis désolé, ils n’existent plus. »
Monstres ! Mourir. La paix.
« Malheureusement on a besoin de vous pour savoir
ce qui n’allait pas. Et pour recommencer. »
Recommencer.
« On doit procéder à l’assainissement de votre planète.
Il ne doit plus rester de trace de l’ancienne vie, ni du virus de la pandora.
Ensuite, vous et vos amis pourraient retourner y vivre. »
Recommencement. Amis. Sèb.
« Oui vous êtes sur l’Arche. Vous êtes l’espoir.
Vous êtes la vie. Avec vous, le temps apportera un changement.»
Genèse 7:17-24 17 Et le déluge eut
lieu sur la terre pendant quarante jours ; les eaux s’accroissaient et se
mirent à porter l’arche, et elle flottait très haut au-dessus de la terre.
[ …] 19 Et les eaux submergèrent la terre à ce point que toutes les
grandes montagnes qui étaient sous tous les cieux furent recouvertes. 20 De
quinze coudées au-dessus les eaux les submergèrent et les montagnes furent
recouvertes. 21 Alors expira toute chair qui se mouvait sur la terre, parmi les
créatures volantes, parmi les animaux domestiques, parmi les bêtes sauvages et
parmi tous les pullulements qui pullulaient sur la terre, ainsi que tous les
humains. 22 Tout ce en quoi le souffle de la force de vie était en action dans
les narines, c’est-à-dire tout ce qui était sur le sol ferme, [tout] mourut. 23
Ainsi il effaça toute créature existante qui se trouvait à la surface du sol,
depuis l’homme jusqu’à la bête, jusqu’à l’animal qui se meut et jusqu’à la
créature volante des cieux, et ils furent effacés de la terre […] 24 Les
eaux submergèrent la terre durant cent cinquante jours.
Une contrainte pour ces 24H, choisir un chanteur/ groupe et insérer 5 titres dans sa nouvelle. J'ai choisi Bob Dylan et les titres sont: Knockin'On Heaven's Door, Lay Lady Lay, Hurricane, Blowin' In the Wind, The Times They are a Changement. A vous de les trouver dans mon texte ^^
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