jeudi 28 février 2013

légende de Barbottin III, l'âne coiffé


Ici je vous propose un extrait de « L’Avènement du Changement », livre totalement imaginaire qui a son importance dans le "Dernier rêve". Ceci est du premier jet qui date un peu (autant vous dire que depuis je me suis un peu amélioré, enfin j'ose le croire :s ), mais je ne peux m'empêcher de vous le faire partager:

« Il est du devoir de chacun d’apprendre, de se souvenir et de perpétrer la tradition.
Le savoir enseignait en ces lignes n’est que le juste aboutissement d’une vie de labeur, de droiture et de loyauté.
Loyauté envers un idéal, envers un peuple, envers des amis.
Le savoir enseignait en ces lignes est l’œuvre d’une vie, la-mienne.
             Au cours de mon existence, j’ai côtoyé les plus grands, qu’ils aient été monarques, héros, penseurs. Mais de tous, la rencontre qui a le plus bouleversé ma vie, fut celle de ces quatre jeunes femmes aussi belles que les fleurs qui ornent leurs noms, au savoir inégalé et à la puissance incommensurable.
            Pour comprendre le changement que ces quatre sœurs apportèrent dans la vie de chacun, il faut comprendre le chaos qui régnait dans le royaume.
(…)
            Depuis leur arrivée dans ce monde, les hommes ne cessèrent de vouloir toujours plus, plus de terres, plus d’or, plus de pouvoirs. Aussi firent-ils tout leur possible pour voler, piller les connaissances et les richesses de ce peuple si différents qu’ils les nommèrent monstres.
Mais cette populace n’étant ni des monstres, ni des ignorants, ni des faibles, se défendirent tant et si bien, que les hommes, devant leur impuissance, durent courber l’échine et se contentèrent du peu qu’on leur laissa.
Honteux, ces barbares nourrirent au fil des siècles haine et désir de vengeance.
(…)
            Il arriva un jour où les hommes devinrent plus nombreux que les êtres féériques, et certains d’entre eux découvrir l’art de la magie. (…) Il faut savoir que comme tout art, tels que la peinture, le chant ou la sculpture, tout homme ayant suivit l’apprentissage de la magie était capable de l’invoquer. Mais comme dans tout art, tels que la peinture, le chant ou la sculpture, certaines personnes reçurent ce don dès la naissance. Ce fut le cas du sorcier bien connu de tous, Borvo.
De lui, on ne sait pratiquement rien. Son enfance est une inconnue ainsi que la première moitié de sa vie de jeune homme. La première fois qu’il se fit connaître de tous fut à lors des festivités données à l’occasion de l’âge d’or du règne du roi Barbotin IIIème du nom.
(…)
            Son entrée fut remarquée pendant la présentation des vœux au roi. Borvo, vêtu de haillons, voulut s’introduire lui-même au roi. Mais les gardes le jugèrent indigne d’un tel honneur et se gaussèrent de sa mise si pitoyable. Là fut leur erreur, leurs rires sarcastiques eurent vite fait d’énerver le sorcier qui déchaîna sur eux tous les maux de la terre. Les misérables trépassèrent dans de tels cris de douleur que tous dans l’assemblée, frémirent d’effroi. Le roi lui-même fit taire les ménestrels et se leva, l’épée au poing et fit approcher le sorcier.
            « Au roi, toi qui règne sur cette horde de barbares impures et ignorants, je viens me présenter à toi. Je suis Maître Borvo, sorcier des Confins. Ma sagesse n’a d’égale que ma puissance. Aussi je viens t’offrir mes services pour que ton règne s’embellisse et que tu sois connu sous le nom de Sage. »
            Telles furent ses paroles.
Mais le roi n’avait que faire d’un mendiant aussi puissant soit-il. Ses rangs comptaient déjà maints mages et héros de bien plus haute naissante et de meilleure figure.
            « Au sorcier Borvo, mon peuple n’a besoin que de moi et de mon dévouement. Moi seul sais comment guider mon troupeau. Je n’ai que faire de toi et de tes sorts. Retourne donc aux Confins et apporte la modestie à ton savoir. Nul ici ne veut de toi »
            Telles furent ses paroles.
Le sorcier s’assombrit devant l’affront du monarque.
            « Serait-ce du courage ou de la bêtise ? Tu viens de voir ma puissance et pourtant tu me chasses tel un lépreux galeux ! Reviens sur ta parole, oh roi, ou crains mon courroux ! »
            Telles furent ses paroles.
Le roi, fort des mages et de ses héros qui le soutenaient, se prit les côtes secouées par un rire tonitruant.
            « Vas-t-en sorcier. Va cracher ton venin dans une autre maisonnée que la-mienne. »
            Telle fut son erreur.
A l’époque, il était du bon usage qu’un monarque ait à ses côtés un homme qu’on qualifié de fou. Point fou pour un sou, celui de Barbotin le troisième tenta de calmer son suzerain et de lui rendre raison. Mal lui en prit, le roi lui sépara le chef du reste du corps d’un coup d’épée bien acérée.
Borvo voyant la scène, pleura le pauvre fou qui avait commis la seule faute d’être raisonnable.
            « Ainsi voici comment tu rends justice ! Tu condamnes la raison et place haut l’absurde. Qu’il en sot ainsi. Durant quatre ans, tu mèneras quatre batailles. Tu gagneras chacune d’elle, mais en échange, tu perdras un fils à chaque assaut. Et quand ton dernier né tombera, son corps ne sera pas froid que la mort te fauchera. Ainsi s’achèvera la lignée du roi Barbotin IIIème du nom, dit l’âne coiffé. »
            Telle fut sa sentence.
Le sorcier Borvo se détourna du trône, faisant en cela l’ultime outrage au roi, que personne n’aurait osé se mettre à dos.
Le monarque rendu à moitié fou par la colère et la peur, somma ses héros, tous ayant mille fois prouvé leur bravoure, de mettre le sorcier à mort.
Tous les braves se lancèrent à la poursuite du sorcier. Tous les braves périrent dans leurs armures devenues incandescentes par un maléfice du puissant sorcier. Tous les braves périrent pris au piège dans leurs armures si brillantes autrefois, noircies par le feu en ce jour funeste.
(…)
Nul n’entendit plus parler de maître Borvo, sorcier des Confins, avant longtemps.
Quant au roi Barbotin IIIème du nom, dit l’âne coiffé, il mena une grande campagne qui dura quatre ans. Durant les trois premières années, il gagna beaucoup de terre, beaucoup d’or, beaucoup de puissance. Mais chaque année, lors de batailles épiques, il vit ses fils passer dans l’au-delà les uns après les autres.
Aussi la quatrième année, se sentant mourant et se souvenant de la malédiction du puissant sorcier, il fit mander son dernier fils auprès de lui.
            « Mon fils, dernier de mon sang, une nouvelle bataille se prépare. Je te conjure, toi mon benjamin, de ne pas y prendre part. Ton devoir est de survivre et de perpétrer notre lignée, que notre sang perdure. »
            Ainsi le roi parla-t-il à son fils.
            « Mon père, n’ayez plus de crainte, notre lignée ne s’éteindra pas avec nous. Ma mie, dame Léandre, est grosse depuis trois soixantaines. La graine est vigoureuse, la dame est forte, vous aurez votre descendance. Je reviendrais vainqueur de cette bataille pour voir mon fils grandir et pour pouvoir l’instruire au devoir de roi. »
            Ainsi le fils parla-t-il au roi.
(…)
Le lendemain de la bataille, un messager arriva au pied du trône. Sa missive en main, il se prosterna devant le roi.
            « Votre majesté, j’ai de bien mauvaises nouvelles. Votre bien-aimé fils, le prince Barbotin IVème du nom, a poussé son dernier soupir après avoir occis bon nombre de ses ennemis. Sa vaillance n’avait d’égale que sa témérité, malheureusement, il se fit prendre à revers par le bien connu Benignus et mourut en héros. »
            Telle fut l’annonce de la mort du dernier né du roi Barbotin IIIème du nom, dit l’âne coiffé.
Le roi fit appeler sa bru pour lui annoncer son veuvage récent. Dame Léandre écouta bravement, pas une larme ne coula sur ses blanches joues. Elle demanda alors l’autorisation de se retirer dans ses appartements pour pouvoir pleurer dignement son mari défunt.
            Un soleil plus tard, une dame de compagnie vînt trouver le roi.
            « Votre majesté, dame Léandre, la douce veuve de votre bien-aimé fils, n’est plus. La peine causée par son récent veuvage était trop grande. La dame éplorée a pris son envol vers l’autre royaume, emportant avec elle son enfant à naître. »
            Telle fut l’annonce de la mort de dame Léandre et de son enfant à naître.
Ainsi la lignée de Barbotin IIIème du nom s’éteignit.
            « Oh Créateur, quel tour m’as-tu joué ? En ce jour funeste, tu me reprends mon dernier né et le fillot par encore né. Quelle terrible punition pour ma couardise et ma follerie du passé. Ainsi mon règne s’achève. Mon cœur déjà défaille, mon souffle se réduit. Mais que vois-je ? Mes fils ? Mes enfants chéris, vous venez chercher votre père, cet âne coiffé ? Bien. Nous serons de nouveau réunis. Ainsi soit-il. »
            Telles furent les derniers mots du roi Barbotin IIIème du nom, plus si âne coiffé que ça. »

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