jeudi 28 février 2013

légende de Barbottin III, l'âne coiffé


Ici je vous propose un extrait de « L’Avènement du Changement », livre totalement imaginaire qui a son importance dans le "Dernier rêve". Ceci est du premier jet qui date un peu (autant vous dire que depuis je me suis un peu amélioré, enfin j'ose le croire :s ), mais je ne peux m'empêcher de vous le faire partager:

« Il est du devoir de chacun d’apprendre, de se souvenir et de perpétrer la tradition.
Le savoir enseignait en ces lignes n’est que le juste aboutissement d’une vie de labeur, de droiture et de loyauté.
Loyauté envers un idéal, envers un peuple, envers des amis.
Le savoir enseignait en ces lignes est l’œuvre d’une vie, la-mienne.
             Au cours de mon existence, j’ai côtoyé les plus grands, qu’ils aient été monarques, héros, penseurs. Mais de tous, la rencontre qui a le plus bouleversé ma vie, fut celle de ces quatre jeunes femmes aussi belles que les fleurs qui ornent leurs noms, au savoir inégalé et à la puissance incommensurable.
            Pour comprendre le changement que ces quatre sœurs apportèrent dans la vie de chacun, il faut comprendre le chaos qui régnait dans le royaume.
(…)
            Depuis leur arrivée dans ce monde, les hommes ne cessèrent de vouloir toujours plus, plus de terres, plus d’or, plus de pouvoirs. Aussi firent-ils tout leur possible pour voler, piller les connaissances et les richesses de ce peuple si différents qu’ils les nommèrent monstres.
Mais cette populace n’étant ni des monstres, ni des ignorants, ni des faibles, se défendirent tant et si bien, que les hommes, devant leur impuissance, durent courber l’échine et se contentèrent du peu qu’on leur laissa.
Honteux, ces barbares nourrirent au fil des siècles haine et désir de vengeance.
(…)
            Il arriva un jour où les hommes devinrent plus nombreux que les êtres féériques, et certains d’entre eux découvrir l’art de la magie. (…) Il faut savoir que comme tout art, tels que la peinture, le chant ou la sculpture, tout homme ayant suivit l’apprentissage de la magie était capable de l’invoquer. Mais comme dans tout art, tels que la peinture, le chant ou la sculpture, certaines personnes reçurent ce don dès la naissance. Ce fut le cas du sorcier bien connu de tous, Borvo.
De lui, on ne sait pratiquement rien. Son enfance est une inconnue ainsi que la première moitié de sa vie de jeune homme. La première fois qu’il se fit connaître de tous fut à lors des festivités données à l’occasion de l’âge d’or du règne du roi Barbotin IIIème du nom.
(…)
            Son entrée fut remarquée pendant la présentation des vœux au roi. Borvo, vêtu de haillons, voulut s’introduire lui-même au roi. Mais les gardes le jugèrent indigne d’un tel honneur et se gaussèrent de sa mise si pitoyable. Là fut leur erreur, leurs rires sarcastiques eurent vite fait d’énerver le sorcier qui déchaîna sur eux tous les maux de la terre. Les misérables trépassèrent dans de tels cris de douleur que tous dans l’assemblée, frémirent d’effroi. Le roi lui-même fit taire les ménestrels et se leva, l’épée au poing et fit approcher le sorcier.
            « Au roi, toi qui règne sur cette horde de barbares impures et ignorants, je viens me présenter à toi. Je suis Maître Borvo, sorcier des Confins. Ma sagesse n’a d’égale que ma puissance. Aussi je viens t’offrir mes services pour que ton règne s’embellisse et que tu sois connu sous le nom de Sage. »
            Telles furent ses paroles.
Mais le roi n’avait que faire d’un mendiant aussi puissant soit-il. Ses rangs comptaient déjà maints mages et héros de bien plus haute naissante et de meilleure figure.
            « Au sorcier Borvo, mon peuple n’a besoin que de moi et de mon dévouement. Moi seul sais comment guider mon troupeau. Je n’ai que faire de toi et de tes sorts. Retourne donc aux Confins et apporte la modestie à ton savoir. Nul ici ne veut de toi »
            Telles furent ses paroles.
Le sorcier s’assombrit devant l’affront du monarque.
            « Serait-ce du courage ou de la bêtise ? Tu viens de voir ma puissance et pourtant tu me chasses tel un lépreux galeux ! Reviens sur ta parole, oh roi, ou crains mon courroux ! »
            Telles furent ses paroles.
Le roi, fort des mages et de ses héros qui le soutenaient, se prit les côtes secouées par un rire tonitruant.
            « Vas-t-en sorcier. Va cracher ton venin dans une autre maisonnée que la-mienne. »
            Telle fut son erreur.
A l’époque, il était du bon usage qu’un monarque ait à ses côtés un homme qu’on qualifié de fou. Point fou pour un sou, celui de Barbotin le troisième tenta de calmer son suzerain et de lui rendre raison. Mal lui en prit, le roi lui sépara le chef du reste du corps d’un coup d’épée bien acérée.
Borvo voyant la scène, pleura le pauvre fou qui avait commis la seule faute d’être raisonnable.
            « Ainsi voici comment tu rends justice ! Tu condamnes la raison et place haut l’absurde. Qu’il en sot ainsi. Durant quatre ans, tu mèneras quatre batailles. Tu gagneras chacune d’elle, mais en échange, tu perdras un fils à chaque assaut. Et quand ton dernier né tombera, son corps ne sera pas froid que la mort te fauchera. Ainsi s’achèvera la lignée du roi Barbotin IIIème du nom, dit l’âne coiffé. »
            Telle fut sa sentence.
Le sorcier Borvo se détourna du trône, faisant en cela l’ultime outrage au roi, que personne n’aurait osé se mettre à dos.
Le monarque rendu à moitié fou par la colère et la peur, somma ses héros, tous ayant mille fois prouvé leur bravoure, de mettre le sorcier à mort.
Tous les braves se lancèrent à la poursuite du sorcier. Tous les braves périrent dans leurs armures devenues incandescentes par un maléfice du puissant sorcier. Tous les braves périrent pris au piège dans leurs armures si brillantes autrefois, noircies par le feu en ce jour funeste.
(…)
Nul n’entendit plus parler de maître Borvo, sorcier des Confins, avant longtemps.
Quant au roi Barbotin IIIème du nom, dit l’âne coiffé, il mena une grande campagne qui dura quatre ans. Durant les trois premières années, il gagna beaucoup de terre, beaucoup d’or, beaucoup de puissance. Mais chaque année, lors de batailles épiques, il vit ses fils passer dans l’au-delà les uns après les autres.
Aussi la quatrième année, se sentant mourant et se souvenant de la malédiction du puissant sorcier, il fit mander son dernier fils auprès de lui.
            « Mon fils, dernier de mon sang, une nouvelle bataille se prépare. Je te conjure, toi mon benjamin, de ne pas y prendre part. Ton devoir est de survivre et de perpétrer notre lignée, que notre sang perdure. »
            Ainsi le roi parla-t-il à son fils.
            « Mon père, n’ayez plus de crainte, notre lignée ne s’éteindra pas avec nous. Ma mie, dame Léandre, est grosse depuis trois soixantaines. La graine est vigoureuse, la dame est forte, vous aurez votre descendance. Je reviendrais vainqueur de cette bataille pour voir mon fils grandir et pour pouvoir l’instruire au devoir de roi. »
            Ainsi le fils parla-t-il au roi.
(…)
Le lendemain de la bataille, un messager arriva au pied du trône. Sa missive en main, il se prosterna devant le roi.
            « Votre majesté, j’ai de bien mauvaises nouvelles. Votre bien-aimé fils, le prince Barbotin IVème du nom, a poussé son dernier soupir après avoir occis bon nombre de ses ennemis. Sa vaillance n’avait d’égale que sa témérité, malheureusement, il se fit prendre à revers par le bien connu Benignus et mourut en héros. »
            Telle fut l’annonce de la mort du dernier né du roi Barbotin IIIème du nom, dit l’âne coiffé.
Le roi fit appeler sa bru pour lui annoncer son veuvage récent. Dame Léandre écouta bravement, pas une larme ne coula sur ses blanches joues. Elle demanda alors l’autorisation de se retirer dans ses appartements pour pouvoir pleurer dignement son mari défunt.
            Un soleil plus tard, une dame de compagnie vînt trouver le roi.
            « Votre majesté, dame Léandre, la douce veuve de votre bien-aimé fils, n’est plus. La peine causée par son récent veuvage était trop grande. La dame éplorée a pris son envol vers l’autre royaume, emportant avec elle son enfant à naître. »
            Telle fut l’annonce de la mort de dame Léandre et de son enfant à naître.
Ainsi la lignée de Barbotin IIIème du nom s’éteignit.
            « Oh Créateur, quel tour m’as-tu joué ? En ce jour funeste, tu me reprends mon dernier né et le fillot par encore né. Quelle terrible punition pour ma couardise et ma follerie du passé. Ainsi mon règne s’achève. Mon cœur déjà défaille, mon souffle se réduit. Mais que vois-je ? Mes fils ? Mes enfants chéris, vous venez chercher votre père, cet âne coiffé ? Bien. Nous serons de nouveau réunis. Ainsi soit-il. »
            Telles furent les derniers mots du roi Barbotin IIIème du nom, plus si âne coiffé que ça. »

vendredi 22 février 2013

L'Ombre des Hommes (les personnages)

Les TRAVLIA: 


C'est un peuple nomade. Leur camp, durant la saison froide, se situe aux abords de l'Ardèche, alors que le camp pour les jours baignés par le Sunia, ils s'installent dans notre actuelle Charente.
Leur camp se regroupe autour d'un brasier. Disposés en triangle autour de ce feu, des espaces (les paten) accueillent les dormeurs.
Il y a trois paten:
celui des femmes; le Wifen
celui des hommes; le Manen
celui des enfants et des nourrices; le Chiden.
La particularité de ce clan réside dans sa conception de la famille. D'abord les femmes sont libres d'accepter ou de refuser les avances d'un homme (mais pas de tous, elles ont l'obligation de s'unir avec eux). Elles peuvent partager leurs couches avec un homme différent chaque nuit. Mais quand l'un deux la demande comme compagne, si elle accepte, il sera le seul à pouvoir venir la visiter. Par contre elle est libre de rompre ce lien (mais c'est compliqué).
Les enfants ne sont pas élevés par leurs mères (ou parent si on connaît le père), ils ne savent même pas de qui il s'agit. C'est le clan entier qui s'occupe de leur éducation, ainsi chaque membre du clan devient un père, une mère, un frère ou une soeur. A leur renaissance, les nouveaux adultes peuvent demander à connaître l'identité de leurs génitrices, mais très peu le font préférant l'unité du groupe.
Autour du camp, sont disposés les divers ateliers: tannage, vannerie, taille des outils.
Ils vivent à même la terre, ils ne construiront leur premier "édifice" que pour enfermer les hommes atteins des maux de l'Ombre, pour les tenir à l'écart.
La survie du groupe tient à la préservation de chaque membre, c'est pourquoi l'idée d'abandonner l'un des leurs, même fou, leur est inimaginable, d'où la nécessité d'une "prison". Par la suite, ils construiront d'autres abris pour des motifs beaucoup moins lugubres.



Questions que l'on m'a posées:

Du coup j'imagine que tout ce qui à trait à l'inceste chez eux n'existe pas ? Qu'un frère et une sœur aient une relation, voire un fils et sa mère ou une fille et son père n'est pas un tabou ? En plus, encore faut-ils qu'ils sachent qu'ils sont de la même "famille"
Mais, pour illustrer (et je demande ça sans volonté de choqué, hein, quelque soit la réponse), si une mère voit son fils (assez âgé pour) la visiter un soir, est-ce qu'elle va refuser en sachant qu'il s'agit de son fils ou bien cela ne la dérangerait pas ? (ROUGE)

héhé, je me demandais quand on allait me poser la question
Non l'inceste n'est pas un tabou, en fait ils ne savent tout simplement ce que c'est.
Pour la mère, c'est à elle de décider, mais il est dans la logique de ne pas résister (imagine un jeune mâle reproducteur plein de vigueur ), mais il est rare que ce cas de figure arrive, le jeune préférant une femme plus apte à la procréation. (c'est bien connu, passé un certain âge, nous pauvre loque sommes bonnes à recycler )




J'ai une question : où vont ceux qui ne dorment pas ?
L'homme se rend dans l'espace des femmes pour rejoindre sa partenaire?
Ou l'inverse?
Où alors ils s'éloignent du feu (mais on se gèle les fesses et c'est dangereux, en plus)?
(Oui, je sais, j'ai des questions existentielles). (KIRA)

ceux qui ne dorment pas??? en fait ils sont au nombre de six, six chasseurs qui veillent le camp. Mais tout le monde sait que le sommeil est primordial pour être en forme la journée
L'homme se rend dans l'espace des femmes, l'homme propose et la femme dispose. Le Wifen et le Chiden sont séparés par un atelier de tannage, c'est-à-dire que de grandes peaux cachent les activités nocturnes des plus grands (mais ça n'empêche pas des petits malins d'allaient voir ce qui se passe quand tout le monde est censé dormir). Il n'y a aucune séparation entre le Manen et les autres paten pour faciliter les déplacements dans le cas d'une alerte.


Sinon, que font-ils de ceux qui représentent un danger pour le groupe (je pense à un fou qui deviendrait dangereux, notamment) ? La préservation de l'individu l'emporte-t-elle sur celle du groupe ? (KIRA)

et bien, jusqu'à présent, il n'y avait pas ce genre de souci, l'esprit de famille étant prédominant dans le groupe. Il arrivait qu'un membre décide de partir, dans ce cas, les autres le laissaient partir mais chacun sait que la solitude est synonyme de mort. Avec l'apparition de l'Ombre dans leur clan, les Travlia doivent faire face à un mystère, ils considèrent que les hommes atteins de ces maux sont malades (en avance sur leur temps dites-vous? ) et cherchent à les sauver (plus pour éviter la contamination qu'autre chose). Ils vont donc faire quelque chose qu'ils n'avaient encore jamais fait: construire un abri légèrement à l'écart pour isoler les malades mais aussi pour pouvoir les surveiller et essayer de comprendre.

J'imagine ceci comme abri:





jeudi 21 février 2013

L'Ombre des Hommes (....suite1)



LE CONTEXTE D'ECRITURE:

Donc en novembre je commence ce nouveau récit, ça tombait bien je m'étais inscrite au NanoWrimo (je rappelle vite fait le concept, dans le monde entier, des gens complètement à l'ouest décident d'écrire 50 000 mots en un mois). Alors le Nano c'est bien, (je peux le dire, j'ai eu mon diplôme ;) ) pour amasser tout un tas de mots dans un temps record, par contre pour finir avec un texte construit qui tient la route (oui, parce que j'ai sauté sans parachute) nada...

Donc en décembre je me suis retrouvé avec 50k de mots inutilisables. Enfin presque. Parce que du coup, en janvier je me suis inscrite au challenge  2013 de Cocyclics. Je me suis fixée un quota de 560 mots par jour pour un total de 100 000 mots. Donc, normalement, je devrais avoir fini début juillet (histoire de passer de bonnes vacances :) ).

LE CONTEXTE HISTORIQUE ET GÉOGRAPHIQUE:


J'ai longtemps hésité avant de situer mon histoire, d'abord géographiquement plusieurs choix s'offraient à moi. Mais si mon prologue se concentre sur l'Afrique où est apparue les premiers hominidés, l'histoire en elle-même retracera les déplacements des homo sapiens en France (c'est surtout pour une question pratique vu que j'ai trouvé beaucoup de documents sur la préhistoire "française"). Pour les dates aussi j'ai longtemps hésité, pour finalement convenir que la paléolithique était la période la plus approprié à mon intrigue: beaucoup d'outils, les premières peintures, bijoux, etc... Mais il me fallait aussi une période où Homo Sapiens et Néandertaliens étaient susceptibles de se croiser. Ainsi donc mon histoire se situera en France vers 30 000 ans avant Jésus-Christ. 

D'autres précisions importantes, les premiers homo sapiens étaient beaucoup plus grands que l'on pourrait s'imaginer (par exemple, l'homme de Cro-Magnon mesurait 1,90 m), beaucoup étaient nomades mais quelques peuples se sédentarisent et c'est le début de l'agriculture. Et surtout, les hommes des cavernes, et bien, ne vivaient pas (tous, tout du moins) dans des cavernes (trop dangereux et souvent déjà habitées par un ours ou quelque chose dans ce genre ). 

Une dernière information qui pourrait aider à comprendre mon histoire: l’espérance de vie était de 35 ans en moyenne, aussi quand je parle de l'Ancienne, elle n'a pas plus de 40 ans, mes protagonistes ont généralement entre 13 et 25 ans, ce qui plus tard explique l'intérêt de Jördig pour un homme à la barbe et à la chevelure blanche (c'est du jamais vu pour lui).

Donc, L'Ombre des Hommes se situe exactement en -29 000, le camp d'été des Travlia (le peuple dont sont issus mes personnages) est construit en Dordogne et celui d'hiver en Ardèche.




mercredi 20 février 2013

L'Ombre des Hommes

Ce projet est né en novembre 2012. Je travaillais sur "Le Dernier Rêve" (qui est à l'abandon pour le moment). Un passage de ce texte me tenait très à coeur et je décidais de me consacrer à ce récit qui devrait devenir le pilier de mes autres projets avenir.
Pour comprendre je poste tout de suite l'extrait en question. Il est loin d'être achevé puisque "L'Ombre des Hommes" prend une tournure totalement différente, mais l'esprit est là.
Pour comprendre un peu le contexte, Maona, jeune humaine, vient d'arriver dans le monde d'Imijnda. Ici elle est atablée en compagnie de Gaspard (dit la souris), Arthur (dit le chat) et Vitellius (un centaure), qui lui expliquent la fondation de leur monde, voilà ;) :

"—Il y a bien longtemps dans ton monde que l’on nomme couramment Orego, les êtres vivants étaient dénués de rêves et ne savaient pas se servir de leur imagination. Ceux, qui plus tard se baptiseront ‘homme’, ne vivaient que pour contenter leurs besoins les plus rudimentaires. N’ayant aucun respect pour la vie, ils ne pensaient qu’à se battre. Pourtant un jour, l’un d’eux, voyant son espèce s’éteindre à force de conflit, eut l’idée de créer. Pour la première fois, il utilisa son imagination pour modeler la matière en outil. De ce simple geste, il changea le destin de son peuple tout entier. Suivant son exemple les hommes commencèrent à faire des rêves, à voir plus loin que le présent. Jamais ils n’oublièrent celui qui leurs avait montré le chemin et le nommèrent Le Créateur.
Maona écoutait attentivement. Elle n’avait jamais pensé à la préhistoire comme cela. Jusqu’à présent, la jeune fille considérait cette période comme sans intérêt. Pourtant l’intonation du centaure, la passion qu’il mettait dans ses mots, attisèrent sa curiosité. Vitellius ne faisait pas le récit historique d’Imijnda mais une profession de foi.
—Ce que le Créateur ne savait pas, c’est quand faisant preuve d’imagination, il créa un être monstrueux qui terroriserait jusqu’au plus brave des chasseurs. Cette effroyable créature faite de suie et de poix, prit racine dans les cauchemars des hommes. Il n’était ni humain ni mortel, impossible de le tuer. Pour le combattre, le Créateur demanda l’aide des femmes. Qui mieux qu’une mère pouvait faire oublier un mauvais rêve ?
Six furent choisies parmi les peuples des hommes du feu et furent appelées les Tisseuses.
Novices en magie, elles durent s’éloigner vers des contrées inconnues pour étudier la nature et comprendre comment enchaîner la créature de l’ombre. Toutes les six partirent le jour du Haut Soleil, et se laissèrent douze lunes avant de se réunirent de nouveau.
Pendant tout ce temps, l’être des ténèbres régna sur les hommes, les poussant à commettre des méfaits plus abjects les uns que les autres. Le Créateur tenta tant bien que mal de canaliser son peuple contre leur ennemi, malheureusement la créature était plus rusée.
—Qui était-elle, coupa Maona.
—Pardon ? demanda Vitellius.
—La créature. Comment s’appelait-elle ? Les hommes ont bien dû lui donner un nom ?
Le centaure fronça le front. Il dévisagea la jeune femme comme si elle avait posé une question indécente. Maona ne savait plus quoi faire ni quoi dire. Devait-elle s’excuser ? De quoi ? Elle n’avait rien dit de mal.
—En effet, intervint Gaspard. Mais ce nom a été oublié depuis longtemps. Les hommes ont préféré passer sous silence toute cette période, par honte et par lâcheté.
Maona remercia Gaspard du regard, se promettant de ne plus interrompre le centaure.
—Aujourd’hui, reprit Vitellius, nous autres les féériques, le nommons le Pestiféré, mais qu’importe, son nom en lui-même importe peu. Ce qui l’est, en revanche, c’est la nature même de cette créature : la peur.
—Comment ça ?
Maona se mordit la lèvre, elle avait encore parlé ! Pourquoi n’arrivait-elle jamais à retenir sa langue ? Cependant, Vitellius lui répondit, cette fois sans un regard de reproche.
—Tu vas comprendre. La bête, le Pestiféré, ne se montrer pas le jour. Il venait la nuit pendant que les hommes dormaient. Il choisissait une cible et s’infiltrait en lui. Dégoulinant de poix, il pénétrait par la bouche, le nez ou tout autre orifice, s’immisçant dans l’esprit, torturant la chaire. Quand il était certain de détenir le souvenir le plus honteux ainsi que la peur la plus profonde, le Pestiféré les combinait ensemble pour contrôler les pensées de sa victime. Et dès le lendemain, la créature s’employait à modeler son hôte à son image. A chaque minute, à chaque heure, il harcelait le pauvre diable de pensées noires et d’idées perverses. Jusqu’au moment où l’homme perdait sa raison et commettait l’inexcusable, alors seulement la bête le libérait, le laissant seul avec sa conscience, mais surtout face à ses semblables qui, le plus souvent, l’achevaient.
Quand vint le jour où les Tisseuses se réunirent de nouveau, le clan des hommes était décimé. Il ne restait plus que quelques enfants affamés et des vieilles femmes trop faibles pour intéresser la bête. Le Créateur avait était infesté, mais dans un regain de raison, avait demandé à être ligoté pour ne causer de tord à personne. Cela faisait trois lunes qu’il luttait contre le mal qui le rongé.
Maona pensa à cet homme, les mains liées, se battant seule contre ses propres démons. Elle ne put imaginer son calvaire. Elle réprima un frisson.
Durant le récit, le feu avait diminué, la pièce ne bénéficiait plus de la clarté de la lune blanche qui avait disparu derrière les arbres. Un air glacé enveloppait les convives. La jeune femme se frictionnait ses bras nus quand Arthur, toujours silencieux, vint lui apporter une demi-cape en laine brune. Avec, il avait ramené un plateau chargé de tasses et une théière fumante. Tous acceptèrent la boisson avec gratitude. Après une gorgée du breuvage brûlant, Vitellius reprit.
—Les Tisseuses se retrouvèrent donc. Chacune ramenant un savoir nouveau. La plus jeune, elle, ne revint pas seule. Elle portait en son sein un avenir nouveau. Les cinq autres firent grand cas de son état. Il y avait donc d’autres hommes dans le monde capable de leur donner une progéniture. Les femmes en furent bouleversées. Tout au long de leurs voyages, elles n’avaient rencontré que végétation et faune sauvage. Ragaillardies par cet espoir, les Tisseuses mirent leurs connaissances en commun et créèrent un sortilège capable d’enfermer le Pestiféré. Mains dans la main, elles formèrent un cercle, déposèrent en son centre diverses offrandes à la nature et entamèrent un chant ampli de tous leurs rêves de bonheur, de paix et d’amour : La religion était née.
Mona fit une moue dubitative. Elle se demandait si Vitellius lui racontait la naissance de la religion, ou s’il faisait l’apologie de la-sienne. Toutefois, elle ne prit pas le risque d’interrompre le centaure et resta silencieuse jusqu’à la fin.
—Les Tisseuses psalmodièrent une prière à la Nature, lui demandant une cage pour la créature de la nuit. La réponse se fit brutale. Une grande lumière multicolore descendit des cieux pour toucher la porteuse de vie. Celle-ci perdit les eaux instantanément, et la douleur suivit rapidement. Apeurée, la jeune femme rompit le cercle, fit quelques pas et trébucha au centre, parmi les offrandes. Allongée, le dos arqué, la future mère appela ses consœurs en aide en vain. La tisseuse étant toujours baignée par l’arc-en-ciel, les cinq autres eurent peur de rompre le charme et la laissèrent seule dans l’enfantement. C’est ainsi que naquît une petite fille aux cheveux d’ébène. A son premier cri, la lumière se retira, emportant avec elle le nouveau né. Depuis ce jour, le Pestiféré ne sévit plus dans Orego. Les Tisseuses avaient réussit. De leur chant est né une enfant, mais aussi un monde. Le notre, Imijnda.
La tasse en porcelaine tinta quand Vitellius la reposa sur sa coupelle. Il se resservit en thé, dans des gestes lents et calculés, comme s’il effectuait un cérémonial. Maona l’observait réaliser ce petit rituel, réprimant son envi de hurler pour connaître la suite. Gaspard passait et repassait sa main sous sa casquette, démontrant que son impatience devait être au moins aussi grande que celle de la jeune femme. Enfin le centaure se racla la gorge et continua, non sans leur lançait un regard amusé.
—Des rêves des Tisseuses était née Imijnda qui agit comme une cage sur le Pestiféré. Au début, notre monde était aussi grand qu’une petite ville, sans terre ni ciel, juste un vide. Une fois enfermé dedans, la créature vit son pouvoir s’affaiblir. De leur côté, les six femmes pleurèrent et glorifièrent l’enfant volée, lui accordant tout le bénéfice de leur réussite. Elles lui dédièrent un culte, celui de l’enfant béni, qui fut célébré à chaque solstice d’été.
Le Créateur, libéré de son mal, remercia les Tisseuses de leur triomphe. Pourtant un doute le submergeait : comment être sûr que la bête reste enfermée. La réponse lui apparut en rêve. Une enfant de près de cinq printemps pénétra ses songes. « Les rêves sont puissants, lui dit-elle, l’imagination des hommes est immense. Apprends à ton peuple l’art de créer par l’esprit. Le beau et le merveilleux sont l’arme dont tu as besoin. Surtout n’oublie jamais de croire et le mal s’éteindra. »
A son réveil, le Créateur possédait le savoir nécessaire pour accomplir sa tâche. Il consacra sa vie à conter des mythes et des fables. Imijnda grandit de petite ville à pays, puis à continent. Ce nouveau monde se peupla d’êtres féériques, nos ancêtres. Leurs légendes se répandirent dans tout Orego. Les hommes se mirent à croire en eux, leurs conférents une force incommensurables. Nos ancêtres chassèrent le Pestiféré de Imijnda pour une prison beaucoup moins spacieuse. Et nous autres le maintenons enfermé depuis tout ce temps.
Vitellius s’arrêta, son récit était fini. Maona se passa une main sur la bouche. L’histoire avait été très instructive mais elle ne connaissait toujours pas le rôle qu’elle devait y jouer.
—Et moi ? demanda-t-elle, que suis-je sensé faire ? Pourquoi avoir besoin de moi si « tout est bien qui finit bien » ?
Cette fois, ce fut Gaspard qui prit la parole.
—Aujourd’hui Imijnda est en danger, il semblerait que les hommes n’imaginent plus. Ils ne savent plus créer.
—Pardon ? s’insurgea Maona. C’est totalement faux. Les galeries d’art foisonnent à travers le monde, l’industrie cinématographique a fait un bond incroyable, et même en temps de crise, les gens continuent de lire…
—Tu as dis le mot, « industrie », la coupa Gaspard. Tout est devenu profit, rendement, profit, rendement, il n’y en a plus que pour l’argent, voilà le nouveau rêve des hommes : l’argent. Dès que quelqu’un a une idée originale, elle est reprise et exploitée jusqu’à épuisement. Notre monde se sature, certaine espèce s’éteigne par manque de nouveauté. Notre force diminue, le Pestiféré reprend du pouvoir. On arrive encore à le maintenir emprisonné, mais pour combien de temps.

mardi 19 février 2013

Premiers pas



Aujourd’hui est un grand jour (pour moi), j’ouvre un blog. Non seulement je suis terrifiée à l’idée de vous ouvrir les portes de mon imaginaire, mais en plus ça doit-être la première fois que je tente quelque chose sur la toile sans que quelqu’un soit derrière mon dos à me dire quoi faire :s


Ici vous trouverez mes lectures en cours, mes écrits (au moins les tentatives ^^ ), les liens vers les blogs de mes coupines et accessoirement quelques anecdotes de ma vie privée (mais pas beaucoup parce que y a pas grand chose d’intéressant :p )


J’espère que ce blog vous satisfera ainsi que moi-même

La chambre