mardi 2 décembre 2014

Effroyable jeunesse


Un soir, alors que je me morfondais dans ma solitude, j'ai reçu un message. Quelques mots sur un écran. Quelques mots qui décrivaient si bien son insouciance, sa suffisance. 
"J'ai envie de toi."
Un sourcil levé, je restais la bouche en rond, interloqué. Il s'est trompé de numéro. Je ne pouvais pas en être la destinataire. Je suis trop vieille pour lui. Ce n'était pas possible. Et pourtant... Que voulait-il? Que cherchait-il? Jamais personne n'avait jamais été aussi directe. Insolente jeunesse.
En cinq mots il faisait de moi son obligé. Accrochée à mon téléphone, je retenais mon souffle, attendant de ses nouvelles, qu'il me dise où et quand on se verrait. Ses messages, mes bouffées d'oxygène, se faisaient attendre. Oh mon Dieu, comme j'aimerai savoir me faire désirer comme lui savait le faire. Et puis, il y a eu:
"Apprends-moi."
Toi apprends-moi. Enseigne-moi ta fraîcheur, ton sourire, ta naïveté.
Apprends-moi à rire, à aimer. Rappelle-moi tout ce que j'ai oublié, tout ce que je me suis refusée. 

Que dire de la suite. Elle ressemble à toutes les histoires interdites. Un jeu de cache-cache. Des non-dits, des rêves irréalisables et une fin attendue.
"Désolé, elle, je l'aime." 
Bien sûr qu'il l'aime. Elle est plus jeune, sans attache, avec un avenir à construire. Elle a tout ce que je n'ai plus. Je n'arrive même pas à lui en vouloir, il a le droit au bonheur. Au contraire, je lui souhaite une vie riche et merveilleuse, sans trop d’embûches. Qu'il ait tout ce que je n'ai pas eu. 
Je ne suis pas une idiote, je sais ce qui m'est permis ou non. Je sais ce qui a un avenir ou non. Je sais ce que les gens bien pensant penseraient de tout ça. Mais, pour être honnête, j'avais oublié que ça faisait aussi mal. Pendant quelques temps j'avais de nouveau 16ans, et comme une ado, je me suis voilée la face. 
Alors quand la réalité s'imposa à moi... Je me suis effondrée. Je n'arrivais plus à voire claire. Une part de moi est morte.
C'est triste à dire, mais je crois que cette fois c'est fait. Du haut de mes trente ans, j'ai enfin compris que le prince charmant n'existe pas.

Alors tout ceci n'est pas pour dire: "Hey mesdames, les mecs plus jeunes ne sont pas pour vous." 
Non, au contraire, ça veut juste dire: "Hey mesdames et messieurs, attention, qu'importe votre âge, un chagrin d'amour est tout aussi destructeur que le premier."

1 commentaire:

  1. Genre, à 30 ans t'es vieille... Nanmého. On est jeunes, on est belles, etc. Et on écrit des histoires que les princes charmants sont trop feignasses pour seulement imaginer (à part rouler des patins non consentis à de parfaites inconnues, on se demande quelles sont leurs compétences...).
    Le prince charmant est de toute façon une valeur bien trop cotée, qui s'effondre toujours en bourses.

    En attendant que tu tombes sur un (le ?) bon, chocolat et nénuphou ma Fanette !

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La chambre