jeudi 31 octobre 2013

La Nano nouveau est arrivé


Petit rappel, le nanowrimo est une idée farfelue qui a germé dans la tête de... j'en sais rien en fait, sûrement un Américain, y a qu'eux d'assez tordue pour inventer un truc pareil... dixit celle qui tente le coup pour la deuxième année ^^
Alors, en quoi ça consiste exactement: c'est simple pendant un mois, novembre en l’occurrence, les auteurs amateurs de tout genre et du monde entier, se réunissent sur un forum pour écrire 50 000 mots. Bon, 50 000 mots ça représente quoi exactement? Et bien sachant que l'Ombre des Hommes contient actuellement 67 266 mots, ce qui représente 154 pages word, donc 50 000 mots équivaux à un petit roman.
Donc on doit écrire environ 1600 mots par jour, en sachant qu'en temps normal je me contente de 500 ^^

Cette année, ça ne sera pas mon but, je vais me contenter de finir mon challenge 2013, donc environ 20 000 mots, à vue de nez. Mais si j'ai encore le courage après, je continuerai en terminant mon syno de travail pour Hansel et Gretel, mon challenge 2014, et en commençant les correction de l'Ombre.

Mais en attendant, un extrait de l'Ombre:
Ses paupières refusaient de s’ouvrir. Quelle importance ? Il n’avait pas envi de se réveiller, de se lever. Il en avait assez de se battre. Il n’aurait jamais dû se porter volontaire, sa place se trouvait près de Yellih, pas ici. Yellih…
            « Lève-toi ! Reviens-moi ! »
Sa voix ressemblait au chant des oiseaux. Elle était pareille à la caresse du vent. Le cœur du pisteur se gonfla d’amour. Des images du passé lui revinrent, le sourire de Yellih, leurs ébats dans les vallées herbeuses, leurs rires mêlés, leurs doigts enlacés, les couchés de sunia partagés. Non, vraiment il ne voulait pas revenir dans cette réalité froide où la menace collait à ses pas.
            « Debout ! Pritah je t’en pris lève-toi ! »
Non, il ne voulait pas.
            « Ne reste pas là ! Réveille-toi ! »
Pourquoi ? Il était si bien dans les bras de Yellih.
            « Arrête ça tout de suite, lève-toi ! Maintenant ! »
Une eau glacée inonda sa bouche, obstrua son nez et filtra sous ses paupières. Le liquide lui glissa dans le cou, le tirant une bonne fois pour toute de son sommeil.
            « Toi enfin ouvert yeux, gronda la voix du Kring. Toi fait peur à moi. Moi penser que toi parti pour pays lointain.
            — Qu’est-ce que tu as fait ? s’énerva Pritah en essuyant son visage ruisselant.
            — Toi dormir. Moi réveiller toi.
            — Comment ? »
Pour toute réponse, le Kring désigna son outre d’eau.
            « Où as-tu trouvé ça ?
            — Ruisseau là-bas. »
Le pisteur pesta avant de s’arrêter brusquement. La mémoire lui revenait peu à peu.
            « L’Ombre ? Où est-elle ?
            — Ombre ?
            — Oui, la créature noire, le monstre. »
L’homme rumina quelques battements d’ailes dans son langage barbare, avant de se redresser, la mine sombre.
            « Elle s’attaquer à bête, dents longues… Avoir couru avec toi sur dos, chance d’être là. »
            Pritah ne put qu’acquiescer. Il avait échappé à l’Ombre, mais pour combien de temps encore ? Une boule amère se coinça dans sa gorge. Elle était visible, depuis quand ? Avant elle ne se matérialisait que dans les images d’endormis, depuis quand s’en était-elle échappée ? Il n’eut pas le temps de se torturer plus l’esprit, que le Kring le secoua en le pressant de se lever.
            « Elle peut revenir. Nous partir, vite et loin ! »
            Pritah hocha la tête en signe d’assentiment. Ses jambes engourdies ne le portèrent qu’avec peine. Il titubait, se raccrochait aux arbres qui lui barrer le passage. Son ami le soutenait le plus possible, malheureusement le Kring était épuisé. Ils se traînèrent comme ça jusqu’au coucher du sunia. Ils trouvèrent un arbre aux branches assez basses pour se fabriquer un abri. Tant bien que mal, ils rassemblèrent branches et mousse pour garnir les racines et s’en faire une couche moelleuse. Serrés l’un contre l’autre, la fourrure de Pritah sur eux, ils s’endormirent.
            Une caverne, plus petite que celle du Kring, plus sombre. Pritah avança. Devant l’entrée, il attendit que ses yeux se fassent à l’obscurité. Un mur lisse, éclairée pas une lueur indéfinissable. Pritah fit un pas en avant, puis un autre, et encore un autre, à mesure qu’il se rapprochait, son ombre se dessinait. Lorsqu’elle fut à peu près de la même taille que lui, il s’arrêta. Une douleur glacée lui tenailla l’estomac, ses pupilles s’écarquillèrent quand l’ombre au-dessus de sa tête s’élargie pour former deux bras aux doigts griffus. Pritah sentit les muscles de son visage se contactaient. Un long hurlement s’échappa de sa gorge lorsqu’une tête poussa entre les bras et que deux pupilles enflammées.
« Pourquoi as-tu peur ? Je ne te ferai pas de mal, ni à toi, ni à ta compagne ! »
La voix avait des accents meurtriers qui contredisaient ses paroles.
« Dis moi ce que tu veux et je ferai de sorte que tu l’ais. »
— Rien, coassa Pritah. Je ne veux rien ! »
Ce qui était faux. Il souhaitait rentrer chez lui, retrouver Moëlhi, mais il ne voulait rien devoir à la bête. Il ne devait pas céder à la tentation, il ne devait pas ramener l’Ombre avec lui. Il s’était proposé comme Buerhi pour la combattre, pas pour l’aider à prendre le dessus sur son clan.
« Pourquoi tant de crainte ? Tu n’es pas aussi important que tu le penses, je n’ai pas besoin de toi pour vous soumettre à mon pouvoir !
— Alors que fais-tu ici ?
— Je te l’ai dit, je veux t’aider. Je veux que tu réalises ton souhait pour que le mien se concrétise.
— Le tien ? »
Pritah ne se rendait pas compte que le monstre l’enveloppait de ses griffes, qu’il ne regardait plus l’ombre sur le mur mais que l’Ombre se penchait face à lui, la tête en bas. Le pisteur était absorbé par les deux pupilles flamboyantes pour remarquer que la bête l’avait déjà sous son emprise.
« De quoi peut rêver un être comme moi ? Peut-être ce qui m’échappe, un corps…
— Mais je t’ai vu !
— Rien d’autre qu’une fumée noire, je veux un corps. Le tiens.
— Jamais ! »
Il cria le mot. Il ne pouvait pas, c’était une évidence, pourtant il n’était plus sûr de rien. Ses yeux l’envoutaient. Il allait céder, il le savait. L’Ombre sourit, enfin, Pritah prit le trait lumineux sous le regard flamboyant pour un sourire. La bête se pencha sur lui et l’ombre se transforma en un filet de fumée qui s’insinua dans les orifices faciaux du pisteur. Ce dernier ne pouvait plus bouger, sa révulsion, son dégoût, rien ne pouvait le sortir de sa transe. Il céda. Les larmes coulèrent sur ses joues. Il avait échoué.

            Quand le Kring se réveilla, Pritah était déjà debout, le regard fixait sur son ami. Quelque chose clochait, mais l’ancien chef n’aurait su dire quoi. Le pisteur ne décrocha pas un mot lorsqu’il se leva et alluma un feu.
« Toi quoi faire ? s’inquiéta-t-il. Feu attirait monstre.
— Ne t’en fais pas, elle ne nous fera pas de mal. »
            Le kring haussa un de ses sourcils broussailleux. Il ne connaissait pas Pritah depuis longtemps, mais il avait appris que le pisteur n’était pas un homme très vaillant malgré ces exploits contre le Komming. Cette audace soudaine ne lui ressemblait pas.
« Nous partir très vite.
            — Non, nous avons le temps. Il ne nous reste que deux sunia de marche.
            — Comment toi savoir ? Hier toi perdu !
            — Je m’en souviens aujourd’hui. »
L’ancien chef n’insista pas. Il était possible que la mémoire soit revenue à son ami pendant la nuit, pourtant un doute continuait de le tirailler.
            Plus tard, alors qu’ils marchaient au milieu des arbres, que leurs pas faisaient crisser les feuilles humides sur le sol, le Kring s’arrêta net. Son ouïe, toujours à l’affut, le prévint d’un danger. En effet, un peu plus loin devant eux, caché dans un fourré, une paire d’yeux les épiaient. Le Kring saisit sa lance et intima Pritah de faire de même avec son propulseur, mais celui-ci continua à avancer, insouciant. C’est alors qu’un Dents-longues surgit en rugissant. Il bondit sur le pisteur, toutes griffes dehors. Pritah ne fit pas un geste, n’esquissa même pas une onde de surprise, au contraire. Un sourire glacial le transfigurait. Il ne se débattit pas quand la bête le renversa, ce fut à peine s’il leva les bras. Et au moment où le fauve allait lui enfoncer ses dents dans la gorge, il fit marche arrière. Eberlué, le Kring fut saisi par la scène. La bête faisait marche arrière comme apeuré. Il cracha même le peu de sang de l’égratignure qu’il avait causé à Pritah. Le Dents-longues regarda une dernière fois le Kring avec un air affamé avant de faire demi-tour et de se sauver, loin du pisteur.
            « Quoi passer ?
            — Je ne sais pas, affirma le pisteur avec un air faussement surpris. Il a du sentir quelque chose qui ne lui plaisait pas. Ou alors je n’étais pas à son goût. »
Le Kring fit deux pas en arrière. La peur pouvait se lire sous ses traits grossiers. Ses mains transpiraient sur le manche de sa lance. Il avait peur, pour la première fois de sa vie il avait peur d’un autre homme. Il l’avait pris pour son ami. Il s’était mis son clan à dos par compassion, par amitié, par amour. Et voilà qu’il le voyait pour la première fois. Pritah n’était plus le petit chasseur trapu, malaisé dans le corps à corps mais tenace et à l’esprit vif. Il était à présent une chose répugnante qui faisait froid dans le dos.
« Qui toi être ?
            — Voyons, c’est moi, ton Komming ! »
L’ancien chef secoua la tête vigoureusement. Non, il ne l’était pas. Il ne l’était plus. D’ailleurs lui-même n’était plus le Kring. Il n’avait plus de clan à diriger. Quel était son nom ? Il ne s’en souvenait plus. Il était un Unkown. Un errant. Qu’importe comment il s’appelait, il restait le même un homme fort qui n’a peur de rien. Fort de cette idée, l’ancien Kring se redressa. Il toisa son ancien ami et se mit à rire.
            « Toi croire faire peur à moi ? Moi Kring, moi le plus fort. Toi le sais.
            — Tu n’es qu’une brute sans nom et sans clan, ricana Pritah.
            — Toi pas savoir, toi pas être ami.
            — Vraiment ? Et d’après toi qui suis-je ? »
Le Kring marqua un temps d’arrêt. Et s’il ne s’agissait pas de Pritah. S’il n’était plus lui-même ? Une lumière se fit dans l’esprit de l’ancien chef. Durant leur fuite face au monstre, il avait perdu son ami de vue. Il l’avait retrouvé inconscient. Était-il possible que l’Ombre se soit emparé de lui ? Qu’avait dit Pritah en arrivant dans son clan ? Qu’il cherchait une arme, pour tuer l’esprit mauvais dans les hommes. Un remède à une maladie qui arrivait pendant le sommeil. Le chagrin envahit le Kring. Son ami était atteint et il n’avait pas la science pour le guérir.
« Que vas-tu faire ? Me tuer ? Tu ne sais pas où tu vas. Tu ne sais pas quoi faire ! Alors quoi ? Tu vas me garder ? »
Bien, l’Ombre savait qu’elle ne pourrait avoir le dessus sur lui. Le Kring se calma. Le ligoter était une possibilité. Trouver un remède, une plante qui pourrait chasser le mal. Voilà ce qu’il devait faire.
            Il visa l’épaule de son ami. La lance fila, se courbant sous le vent, elle n’atteint jamais sa cible. Pritah l’arrêta d’un geste vif. Mais le Kring profita de la seconde où l’attention du monstre se concentrait sur la trajectoire du projectile, pour se jeter sur lui. Il le plaqua au sol, lui assena un coup de poing dans l’oreille pour lui faire perdre ses repaires. Il continua à le frapper jusqu’à ce que son ami sombre dans l’inconscience. Le Kring était en sueur. La bête ne s’était pas laisser faire. Il s’était acharné de longues minutes, au point que le visage de Pritah ne ressemblait plus qu’à une bouillie de chaire. Le Kring se laissa allait, il s’écroula sur le sol, la respiration saccadée et bruyante.
            Que devait-il faire maintenant ? Attacher Pritah, ou qu’importe la chose qu’il était devenu. Le ciel au-dessus de lui l’éblouissait. Le brûlant frappé fort en cette matinée de feuilles mortes. Une douce brise remuait les cimes des arbres, enveloppant l’homme des cavernes dans une danse hypnotique. La fureur retombée, une fatigue le submergea soudainement. Dans un dernier effort, il se pencha sur son ancien ami, vérifia qu’il était toujours vivant, avant de lui ligoter les mains avec une liane souple et résistante. Puis, rassuré, il ferma les yeux. 

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La chambre